La lumière
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La lumière
Chandelles, brule-jonc, éclats de bois, cierges et bougies
En Occident, à partir du Moyen Age la chandelle rivalise avec la lampe à huile. En effet, cette dernière a l’inconvénient de réclamer une attention constante - la remplir régulièrement, couper et remonter la mèche qui charbonne, nettoyer l’huile qui coule,... La chandelle, seulement constituée d’une mèche entourée de suif de bœuf ou de mouton, est plus pratique sans être excessivement chère (mais elle est taxée et l'huile reste plus économique). Plus de liquide qui se renverse, de flamme à ajuster, de réservoir à remplir ! Mais le suif coule et graisse les doigts, la flamme demeure jaune et fumeuse, il faut toujours entretenir la mèche qui finit par charbonner... La perfection est encore loin !
Les moins fortunés utilisent aussi les brûle joncs : des tiges de jonc séchées sont trempées dans de la graisse animale, et brûlent en produisant une faible lumière. Elles sont maintenues à la base par une espèce de pince en fer (parfois doublée d'un porte chandelle). Encore moins chers, et encore moins performants sont les éclats de bois : des morceaux de bois résineux sont posés sur une grille, souvent près de la cheminée, et sont enflammés.
La lumière artificielle coûte cher, trop cher. Le plus souvent, le feu de l’âtre éclaire seul la table familiale lors des repas et des veillées.
Différents types de chandeliers permettent d'utiliser au mieux ce mode d'éclairage plus pratique que l'huile. Le bougeoir comporte un plateau que l'on tient par une anse, généralement dans les chambres et pour se déplacer. Dans les flambeaux (à une chandelle) et les candélabres (à plusieurs chandelles), on encastre en général la bougie dans un tube profond de quelques centimètres.
On peut également la piquer sur une pointe, ou au contraire l'insérer en entier dans un tube (un ressort la pousse alors vers le haut). Certains chandeliers, dits à binet coulissant, permettent de remonter la chandelle au fur et à mesure qu'elle se consume. D'autres encore sont munis d'une pique pour être fichés dans les poutres en bois. Les bobèches, espèces de disques posés à la base de la bougie, évitent que le suif ou la cire ne coulent par terre. Les mouchettes sont des espèces de ciseaux qui servent à couper (« moucher ») l'extrémité carbonisée de la mèche des chandelles.
Veilleuse économique
On peut se procurer une lampe de nuit très peu couteuse en pelant des marrons, les faisant sécher, les perçant de part en part avec une moyenne vrille. Lorsqu’on en veut faire usage, on les fait tremper au moins pendant 24 heures dans de l’huile à bruler; on en prend un, et, par le trou qu’on y a fait, on passe une mèche longue comme le petit doigt, puis on le met dans un petit vase de terre rempli d’eau, on allume la mèche et on est sûr d’avoir de la lumière jusqu’au jour.
Dépuration de toutes sortes d’huile
Le procédé à employer consiste à faire bouillir l’huile à petit feu en y ajoutant un oignon entier pour cinq kg d’huile. On soutient la cuisson pendant trois heures sans écumer, on retire ensuite la chaudière du feu et on laisse reposer pendant une heure. L’huile alors parait claire, on y verse petit à petit un demi verre d’eau froide par 300 grammes d’huile, on remue bien, et on laisse reposer, afin que les impuretés qui ne sont pas montées à la surface aient le temps de se déposer au fond. Après un repos suffisant, on enlève l’écume et on décante l’huile en la versant assez doucement pour ne pas remuer le dépôt, dont ou tire encore partie en le passant au travers d’un tamis ou d’un linge fin. L’huile qui reste vient à la surface, on l’enlève avec une cuiller.
Moyen pour faire durer l’huile dans les lampes et pour lui ôter cette fumée épaisse nuisible à la vue, à la poitrine et à la propreté des appartements
Tout le secret consiste à faire fondre dans un verre d’eau autant de sel qu’il peut en contenir et à y tremper les mèches que l’on fait sécher pour s’en servir. On verse de cette eau salée et de l’huile, parties égales, dans une bouteille qu’on agite bien pour les mêler ensemble et on en garnit les lampes avec les mèches préparées. C’est des huiles de lin, de navette ou de colza qu’il s’agit ici principalement ; mais on peut éprouver la recette avec d’autres huiles.
d- Artisan
- Messages : 83
Date d'inscription : 07/03/2008
Age : 45
Localisation :
Re: La lumière
A mon grand désarroi les rues du Moyen Age n’étaient pas bordées de torches allumées.
Selon Jean Verdon dans son ouvrage La nuit au Moyen Age:
Page 97 : Les rues : Nous sommes habitués, dans les rues des villes, à circuler de nuit comme de jour, sans aucun problème. Les voies éclairées par des lampadaires ne laissent que peu de zones d’ombre.
Au Moyen Age la situation se révèle bien différente. Les rues ne sont pas éclairées, ce qui n’empêche pas forcément les habitants de sortir. Mais, si on veut le faire avec quelque sécurité, il est bon d’être accompagné de serviteurs munis de torches. Existe tout au plus parfois une vague lueur provenant de chandelles placées derrières leurs fenêtres par les habitants …
Pour que la rue ne devienne pas un coupe-gorge, il faut des évènements importants comme la visite de grands personnages. Alors les édiles municipaux prennent des mesures. Le 25 décembre 1519, lors de l’arrivée de la reine mère à Poitiers, on ordonne aux habitants de pendre une lanterne à, leur fenêtre et d’avoir dans cette lanterne « une chandelle ardente ». La consigne vaut jusqu’au départ de la cour.
Ce sont aussi des motifs de sécurité qui obligent à éclairer les rues. Le 11 septembre 1542, le maire de Poitiers déclare que, « pour mettre fin aux vols et exactions qui se font habituellement dans cette ville, il est besoin d’y mettre ordre, d’assembler centeniers et cinquanteniers et d’avoir dorénavant feu aux fenêtres pour empêcher plus aisément les voleurs et pilleurs de courir, de faire abattre les auvents pour que les voleurs en se cachent pas sous eux ». Il est interdit aussi d’aller la nuit par la vile sans lumière et de porter épée, poignard et armes de même genre.
Mais nous sommes déjà au milieu du XVI° siècle.
Après le couvre-feu, tout habitant de bon sens reste donc chez lui où il dispose de quelques faibles moyens pour affronter l’obscurité…
Page 99 : Les maisons : On se contente pour les maisons plutôt de torches en écorce de bouleau ou en résineux.
Une lecture rapide de L’histoire du luminaire depuis l’époque romaine jusqu’au XIX° siècle confirme ces propos, on y trouve un court chapitre par siècle sur l’éclairage public.
Jusqu’à une époque assez avancée du XVI° siècle nous ne rencontrons aucun changement notable dans l’éclairage public. Les seules clartés qui brillent dans la nuit consistent en quelques bougies de cire brûlant devant les images vénérées.
Encore du Jean Verdon :
Pages 156-157 : La société médiévale dont les membres travaillent tout le jour aux champs, dans les échoppes et restent normalement chez eux lorsque tombe la nuit, possède un moyen fort usuel de se distraire dans cette obscurité contre laquelle il est si difficile de lutter. Il s’agit des feux de joie ….
La flamme s’élève dans la nuit tout au long de l’année, feu nouveau le soir du samedi saint, torches des brandons, le dimanche qui clôt le carnaval, chandelles de la chandeleur….
Pour le plaisir de nos cellules grises, citons :
Pages 159 : Terminons sur la réception solennelle à Gand du duc de Bourgogne Philippe le Bon, telle que Chastellain la narre dans ses chroniques. Le feu tient une place prépondérante lors de ces festivités. Le duc trouve dès la première porte de la cité franchie les rues tendues de drap rouge et sur le toit des torches allumées jusqu’à l’entrée de sa maison. En franchissant un grand pont sur la Lys, il peut apercevoir au milieu de la rivière une nef « et au fond du bateau par dehors tout alentour étaient installées deux cent torches tout allumées qui brûlaient dans l’eau, et sur le bord de celui-ci autant pareillement qu’on pouvait en planter ». Le mât est dressé tout au milieu , le cordage entièrement garni de torches semblables aux étoiles du ciel, et au milieu de ce mât pend un écu aux armes du duc plein de torches, de sorte que le château semble embrasé. On aperçoit, non loin de là, une maison toute couverte, toits, murs, portes et fenêtres, d’or « luisant », et depuis le haut jusqu’en bas toute pleine de torches. La boucherie grande et spacieuse est tellement remplie de torches que l’on ne voit rien d’autres ; le marché du poisson, richement ornée, présente la même apparence ; le beffroi plein de torches allumées se voit de nuit à cinq ou six lieues de distance et semble tout en feu, en raison de sa hauteur et de sa grosseur, et cet embrasement dure trois jours. « Cette nuit, on fit partout dans la ville les plus somptueux feux que l’on ait jamais vus jusqu’à ce jour et les illuminations des torches se poursuivirent jusqu’à l’aube. »
Tout un chapitre est consacré aux matières éclairantes, à leur histoire : chandelles, bougies de cire, alimentation des lampes, dans l’histoire du luminaire depuis l’époque romaine jusqu’au XIX° siècle, précédemment cité.
Et maintenant si on en fabriquaient
On trouve un paragraphe sur les torches qui existent dès l’époque romaine :
P657-658
Les torches consistaient généralement en un morceau de bois enduit de résine ; mais il arrivait souvent qu’on employait à la place un faisceau de joncs trempé dans de la résine, de l’encens et de la poix. On d »signait aussi sous le nom de funale une espèce de torche dans la composition de laquelle entraient de la cire, de la suif, de la poix et diverses sortes de résines.
….Pendant tout le Moyen Age on continua pour s’éclairer, à employer du bois résineux que l’on appelait même par un jeu de mots « chandelles de bûche ».
Sur le site La main à la pâte on y trouve la constitution des torches :
« Un bâton de bois sec entouré d’un linge imbibé d’un liquide obtenu en mélange de soufre, du salpêtre et un produit tiré de la résine »
De nombreux sites de scouts proposent des conseils :
Les scouts de Saint-Pothin.
tabou-be
Les scouts d’Europe
Autre recette datant de l’époque révolutionnaire, citée par HR D’Allemagne dans son ouvrage :
Faites rougir au feu un boulet de fer de 24 livres ou environ et le suspendre au plancher avec une chaîne de pareil métal prenant garde qu’elle ne s’échauffe trop. Vous aurez une lumière économique qui éclairera tout la nuit, et à laquelle on pourra faire prendre une allumette pour allumer une bougie. C’est ainsi que les habitants de la baie d’Hudson s’éclairaient pendant leurs longues nuits d’hiver….
Et n'oublions pas qu'il ne faut pas jouer avec le feu :
Source :
¤D'ALLEMAGNE (H. R.) Musée du luminaire l'exposition universelle de 1900.
Paris, J. Schemit, 1900. Grand in-4 br, couverture rempliée, 88pp, illustré de 94 bois dans le texte, 20 phototypies h.-t, et 2 gravures en couleurs hors-texte. Ex. à l'état de neuf, non coupé. As new.
¤http://www.bibliorare.com/cat-vent_melun3-4-042.htm
Selon Jean Verdon dans son ouvrage La nuit au Moyen Age:
Page 97 : Les rues : Nous sommes habitués, dans les rues des villes, à circuler de nuit comme de jour, sans aucun problème. Les voies éclairées par des lampadaires ne laissent que peu de zones d’ombre.
Au Moyen Age la situation se révèle bien différente. Les rues ne sont pas éclairées, ce qui n’empêche pas forcément les habitants de sortir. Mais, si on veut le faire avec quelque sécurité, il est bon d’être accompagné de serviteurs munis de torches. Existe tout au plus parfois une vague lueur provenant de chandelles placées derrières leurs fenêtres par les habitants …
Pour que la rue ne devienne pas un coupe-gorge, il faut des évènements importants comme la visite de grands personnages. Alors les édiles municipaux prennent des mesures. Le 25 décembre 1519, lors de l’arrivée de la reine mère à Poitiers, on ordonne aux habitants de pendre une lanterne à, leur fenêtre et d’avoir dans cette lanterne « une chandelle ardente ». La consigne vaut jusqu’au départ de la cour.
Ce sont aussi des motifs de sécurité qui obligent à éclairer les rues. Le 11 septembre 1542, le maire de Poitiers déclare que, « pour mettre fin aux vols et exactions qui se font habituellement dans cette ville, il est besoin d’y mettre ordre, d’assembler centeniers et cinquanteniers et d’avoir dorénavant feu aux fenêtres pour empêcher plus aisément les voleurs et pilleurs de courir, de faire abattre les auvents pour que les voleurs en se cachent pas sous eux ». Il est interdit aussi d’aller la nuit par la vile sans lumière et de porter épée, poignard et armes de même genre.
Mais nous sommes déjà au milieu du XVI° siècle.
Après le couvre-feu, tout habitant de bon sens reste donc chez lui où il dispose de quelques faibles moyens pour affronter l’obscurité…
Page 99 : Les maisons : On se contente pour les maisons plutôt de torches en écorce de bouleau ou en résineux.
Une lecture rapide de L’histoire du luminaire depuis l’époque romaine jusqu’au XIX° siècle confirme ces propos, on y trouve un court chapitre par siècle sur l’éclairage public.
Jusqu’à une époque assez avancée du XVI° siècle nous ne rencontrons aucun changement notable dans l’éclairage public. Les seules clartés qui brillent dans la nuit consistent en quelques bougies de cire brûlant devant les images vénérées.
Encore du Jean Verdon :
Pages 156-157 : La société médiévale dont les membres travaillent tout le jour aux champs, dans les échoppes et restent normalement chez eux lorsque tombe la nuit, possède un moyen fort usuel de se distraire dans cette obscurité contre laquelle il est si difficile de lutter. Il s’agit des feux de joie ….
La flamme s’élève dans la nuit tout au long de l’année, feu nouveau le soir du samedi saint, torches des brandons, le dimanche qui clôt le carnaval, chandelles de la chandeleur….
Pour le plaisir de nos cellules grises, citons :
Pages 159 : Terminons sur la réception solennelle à Gand du duc de Bourgogne Philippe le Bon, telle que Chastellain la narre dans ses chroniques. Le feu tient une place prépondérante lors de ces festivités. Le duc trouve dès la première porte de la cité franchie les rues tendues de drap rouge et sur le toit des torches allumées jusqu’à l’entrée de sa maison. En franchissant un grand pont sur la Lys, il peut apercevoir au milieu de la rivière une nef « et au fond du bateau par dehors tout alentour étaient installées deux cent torches tout allumées qui brûlaient dans l’eau, et sur le bord de celui-ci autant pareillement qu’on pouvait en planter ». Le mât est dressé tout au milieu , le cordage entièrement garni de torches semblables aux étoiles du ciel, et au milieu de ce mât pend un écu aux armes du duc plein de torches, de sorte que le château semble embrasé. On aperçoit, non loin de là, une maison toute couverte, toits, murs, portes et fenêtres, d’or « luisant », et depuis le haut jusqu’en bas toute pleine de torches. La boucherie grande et spacieuse est tellement remplie de torches que l’on ne voit rien d’autres ; le marché du poisson, richement ornée, présente la même apparence ; le beffroi plein de torches allumées se voit de nuit à cinq ou six lieues de distance et semble tout en feu, en raison de sa hauteur et de sa grosseur, et cet embrasement dure trois jours. « Cette nuit, on fit partout dans la ville les plus somptueux feux que l’on ait jamais vus jusqu’à ce jour et les illuminations des torches se poursuivirent jusqu’à l’aube. »
Tout un chapitre est consacré aux matières éclairantes, à leur histoire : chandelles, bougies de cire, alimentation des lampes, dans l’histoire du luminaire depuis l’époque romaine jusqu’au XIX° siècle, précédemment cité.
Et maintenant si on en fabriquaient
On trouve un paragraphe sur les torches qui existent dès l’époque romaine :
P657-658
Les torches consistaient généralement en un morceau de bois enduit de résine ; mais il arrivait souvent qu’on employait à la place un faisceau de joncs trempé dans de la résine, de l’encens et de la poix. On d »signait aussi sous le nom de funale une espèce de torche dans la composition de laquelle entraient de la cire, de la suif, de la poix et diverses sortes de résines.
….Pendant tout le Moyen Age on continua pour s’éclairer, à employer du bois résineux que l’on appelait même par un jeu de mots « chandelles de bûche ».
Sur le site La main à la pâte on y trouve la constitution des torches :
« Un bâton de bois sec entouré d’un linge imbibé d’un liquide obtenu en mélange de soufre, du salpêtre et un produit tiré de la résine »
De nombreux sites de scouts proposent des conseils :
Les scouts de Saint-Pothin.
tabou-be
Les scouts d’Europe
Autre recette datant de l’époque révolutionnaire, citée par HR D’Allemagne dans son ouvrage :
Faites rougir au feu un boulet de fer de 24 livres ou environ et le suspendre au plancher avec une chaîne de pareil métal prenant garde qu’elle ne s’échauffe trop. Vous aurez une lumière économique qui éclairera tout la nuit, et à laquelle on pourra faire prendre une allumette pour allumer une bougie. C’est ainsi que les habitants de la baie d’Hudson s’éclairaient pendant leurs longues nuits d’hiver….
Et n'oublions pas qu'il ne faut pas jouer avec le feu :
Source :
¤D'ALLEMAGNE (H. R.) Musée du luminaire l'exposition universelle de 1900.
Paris, J. Schemit, 1900. Grand in-4 br, couverture rempliée, 88pp, illustré de 94 bois dans le texte, 20 phototypies h.-t, et 2 gravures en couleurs hors-texte. Ex. à l'état de neuf, non coupé. As new.
¤http://www.bibliorare.com/cat-vent_melun3-4-042.htm
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Date d'inscription : 09/12/2007
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